
Après avoir renoncé à gravir le Capu a u Ceppu, changement de cap et direction le Niolu ! Certes, en début d’après-midi, les rafales de libecciu soufflaient toujours violemment, mais les prévisions météo annonçaient une accalmie pour le lendemain… Rapides préparatifs du nécessaire pour bivouaquer et me voilà en voiture, avec une circulation étonnamment dense, dans la Scala di Santa Regina ; pas de chance, en plein week-end de la Foire du Niolu, de nombreux automobilistes redescendaient de Casamaccioli, provoquant ralentissements et embouteillages, sur cette route étroite et sinueuse !
Arrivé sans dommages au terminus de la route de Calasima, il me restait à rejoindre, à pied, les Bergeries d’U Vallone, puis le Refuge de Tighjettu et, enfin, le Ravin de Valle di Stagni ; montage express de la tente, dans une semi-obscurité et sous des rafales de libecciu réfrigérantes qui n’auguraient rien de bon… En effet, la nuit fut passée à croiser les doigts pour que les sardines tiennent bon et que la tente ne s’envole pas ! Après avoir essuyé quelques gouttes de pluie, je me suis extirpé, avant l’aube, de mon abri de fortune ; rapide petit-déjeuner, un « bon » café - enfin, surtout, un café qui réchauffe - et me voilà parti, avec un sac à dos léger, à l’assaut de la Punta Minuta, déjà gravie un mois plus tôt, mais sans être parvenu jusqu’à son antécime Nord.
Après la raide montée jusqu’à Bocca Rossa, j’ai donc retrouvé, avec une pointe de stress, la brèche caractéristique qui permet de passer d’un couloir à l’autre : une minuscule vire, en légère descente, et un pas exposé en défendent l’accès. Lors d’une précédente tentative, j’avais renoncé devant l’obstacle (qui pourra paraître insignifiant aux montagnards aguerris !) et cherché, en vain, un autre itinéraire, plus abordable. Au-delà de la brèche, il ne reste plus qu’à remonter un raide couloir, constitué de dalles dans sa partie inférieure et d’éboulis dans sa partie supérieure. Enfin, là-haut, une croix en bois, rafistolée, annonce le sommet de la Punta Minuta, à 2556 mètres d’altitude. Quelle vue, en particulier sur la Paglia Orba, le Capu Tafunatu et la Grande Barrière, qui m’ont accompagné durant toute la montée ! Malgré tout, un dernier effort était encore nécessaire pour atteindre l’antécime Nord et son imposante croix métallique, installée en 2016 par le Guide Edgar Eberle et ses camarades ; pour cela, il fallait vaincre une courte crête aérienne, dominant, à l’Est, le Cirque de Trimbulacciu et, à l’Ouest, le Cirque de la Solitude (E Cascettoni). Un pas, certes facile, mais exposé (quelques centaines de mètres de vide, des deux côtés), m’avait rebuté, un mois plus tôt... Cette fois, il fut franchi ! Le panorama, grandiose et vertigineux, permet d’admirer, tout à la fois, le Golfe de Porto, le Filosorma, la Baie de Calvi, le Tenda, le Cap Corse ou encore le Monte Cintu… Après une longue pause, ponctuée de nombreuses photos et d’un mot laissé sur le livre d’or, je me suis engagé sur le chemin du retour vers Calasima, qui s’est déroulé sans histoire et sous un grand soleil ; même le libecciu avait renoncé à souffler ! Quel contraste avec la nuit (blanche) précédente… Désormais, plus aucune fatigue et un doux mélange de satisfaction et de soulagement : cette escapade improvisée dans le Niolu fut une totale réussite !
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