
Saint-Georges-sur-Loire (Maine-et-Loire)
Ancienne abbaye (12e siècle ; 16e siècle ; 17e siècle).
Les bâtiments que nous voyons aujourd'hui datent de la deuxième moitié du XVIIe siècle, ils sont occupés par la mairie.
L'abbaye a été fondée au XIIe siècle (1150), par le seigneur du Plessis-Macé, à la place d'un ancien prieuré.
En 1152, la nouvelle abbaye est dotée de terres, et des chanoines réguliers augustiniens venant de l’abbaye de la Roë s'y installent. Ils sont placés sous l'autorité du curé du lieu, Herbert. La nouvelle abbaye s'installe dans un territoire dit "désert", c'est à dire peu peuplé (D'après la tradition, au Xe siècle, l'église initiale qui se trouvait à Eculard aurait été transférée à Saint-Georges-sur-Loire, pour échapper à la pression viking en étant trop proche du fleuve).
Vers 1180, Raoul de Beaumont*, évêque d'Angers, consacre la nouvelle abbaye.
L'abbaye est pillée et incendiée lors de la trêve de Tours signée en 1444 par Charles VII et Henri VI d'Angleterre.
En 1486, l'abbaye est de nouveau pillée lors de la Guerre Folle* qui opposa le roi de France Charles VIII aux grands féodaux (François II de Bretagne et Louis d’Orléans, futur Louis XII).
Elle sera reconstruite au XVIe siècle. De cette reconstruction, il reste une cheminée Renaissance dans le réfectoire qui était l'ancien lieu de culte au XIIIe siècle. La cheminée, édifiée contre le mur-pignon est, porte une date, 1573, et un nom, celui de l'abbé de l'époque, Antoine Millet.
En 1658, Monseigneur de Grignan fait reprendre l’abbaye, tombée en commende* depuis 1534, par l'ordre de Sainte-Geneviève de Paris. Le monastère parisien se trouve alors au centre et à l’origine d’un vaste mouvement de réforme monastique initié par le concile de Trente*.
Les moines de Sainte-Geneviève détruisent alors les anciens bâtiments presque totalement et reconstruisent des bâtiments plus imposants entre 1690 et 1699. La maison conventuelle édifiée par Maurice Cellier a été terminée vers 1690, elle abrite, depuis 1970, les services municipaux. La construction du Palais abbatial, sous la direction de Sébastien Simonneau, sera terminée vers 1699; c'est actuellement une propriété privée.
A la veille de la révolution, l'abbaye ne comptait plus que cinq chanoines.
En 1790, l'abbaye est supprimée par la Constitution civile du clergé. Les bâtiments seront vendus comme biens nationaux et morcelés.
En 1791, la maison de l’abbé est acquise par un notaire. Sous le Directoire, la maison conventuelle est reprise par un aubergiste et un agriculteur.
En 1825, on construisit une nouvelle église en remplacement de l'église abbatiale.
En 1959, l’ancienne sellerie ou cellerie* des moines est devenue la perception.
En 1970, les services municipaux s'installent dansl'ancien bâtiment conventuel, et la bibliothèque municipale dans ce qui avait été la salle de billard des religieux.
* Raoul de Beaumont au Maine, fait évêque d'Angers en 1177, était l'un des fils de Constance, une fille bâtarde de Henri Ier roi d'Angleterre mais également comte d'Anjou et du Maine.
* La trêve de Tours fut signée au château des Montils-lès-Tours le 28 mai 1444, dans le contexte de la guerre de Cent Ans. En 1436, Charles VII retrouve sa capitale reprise par Richemont. Le 12 novembre 1437 le roi de France fait son entrée dans Paris. Le roi d'Angleterre Henri VI, se résigne à signer une trêve à Tours le 28 mai 1444. La trêve, qui durera deux ans, a été mise à profit par le roi de France pour renforcer son armée et son pouvoir. Il enlèvera la Normandie aux anglais en 1450, puis Bordeaux et la Guyenne en 1453. Les Anglais ne tiennent plus alors, que Calais. Pendant les trêves, les gens de guerre démobilisés et donc non payés se livrent au brigandage et au pillage.
* La Guerre folle est une révolte des grands féodaux contre Anne de Beaujeu, pendant la minorité de Charles VIII. A la mort de Louis XI en août 1483, son fils Charles n'a que 13 ans, il est donc placé sous la tutelle de sa soeur aînée Anne de Beaujeu. Les grands signeurs cherchèrent à profiter de la faiblesse du pouvoir royale et se lancèrent dans une rébellion qui devint bientôt une véritable guerre civile. Les conjurés furent battus à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier le 27 juillet 1488. La bataille fit 7000 morts, essentiellement des conjurés.
* La commende (du latin commendare «confier»), confie la gestion, et le bénéfice, d'une abbaye (ou un prieuré) à un clerc séculier ou parfois à un laïc qui ne sont pas soumis à la règle monastique. A partir de François Ier et du concordat de Bologne (1516), c'est le roi qui nomme les candidats aux bénéfices majeurs vacants (évêchés et abbayes). Les abbés commendataires ont possédé la plupart des abbayes françaises jusqu’en 1790. Le système est à l'origine de la décomposition monastique.
* Le Concile de Trente fut convoqué par le pape Paul III en 1542 pour entreprendre la réforme de l'Eglise catholique, réforme rendue nécessaire par la remise en cause et la concurrence de la Réforme protestante. Le concile s'était vu fixer trois objectifs : la restauration de l'unité des chrétiens, la lutte contre la Réforme protestante et contre les Turcs. Il en sortit un maintien de la tradition, mais aussi une réorganisation de l'Eglise. En particulier sur le plan discipline : Réaffirmation d'un système hérarchique sous l'autorité du pape, interdiction de perception d'argent pour l'octroi des indulgences, maintien du célibat des prêtres, obligation faite aux évêques de résider dans leur diocèse, etc. Le concile de Trente donna un élan nouveau à l'Eglise.
* La sellerie est l'endroit où on entrepose les selles et les harnais des chevaux. On peut penser aussi au "cellerier" qui était le religieux préposé, dans un couvent, aux provisions et à la nourriture. Il pourrait donc s'agir du "cellier".
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Panneau explicatif sur le site.